Bien des écrivains, de Valéry, Cocteau et Colette à Frédéric Dard ou Beigbeder, ont prêté leur talent, leur signature et parfois leur image à la promotion publicitaire. Myriam Boucharenc retrace la « destinée occultée de ce couple controversé ».
En s’intéressant aux jeux de soi et de prestige – le « boucan » – chez les jeunes franciliens d’origine africaine et antillaise, Laura Steil offre une contribution singulière à la connaissance de l’économie des relations et du pouvoir dans les sociétés urbaines postcoloniales.
On doit à Vygotski, théoricien majeur de l’éducation, d’avoir montré comme se formait le psychisme de l’enfant. P. Sévérac explique dans cet ouvrage ce que cette théorie doit à Spinoza.
La démocratie est devenue un élément essentiel de la légitimité gouvernementale dans le monde. La perspective comparatiste permet d’éclairer l’ambivalence de cette norme démocratique, et le paradoxe de son appropriation stratégique par des régimes autoritaires comme la Russie ou la Turquie.
Les terres bâties représentent une valeur patrimoniale considérable, mais méconnue. Alain Trannoy & Étienne Wasmer la mettent ici en lumière, pour en identifier les facteurs, et aussi pour permettre une discussion sur sa distribution, et son éventuelle taxation.
Dans un ouvrage extrêmement ambitieux, Scott Cummings retrace comment avocats et juristes se sont mobilisés pour faire de Los Angeles une ville plus inclusive. Son analyse lui permet d’interroger l’efficacité du répertoire d’action juridique dans les luttes sociales.
Grave maladie propre aux soldats, disparaissant à la fin du XIXe siècle, la nostalgie fait l’objet d’une enquête magistrale, au croisement de l’histoire des sensibilités, de la médecine et de la guerre.
En pleine expansion, le pentecôtisme est un mouvement religieux paradoxal : l’institution ecclésiale s’y nie comme telle, pour laisser la place à l’individu seul dans sa relation avec Dieu, ce qui permet aux dominés de recouvrer une forme de légitimité sociale.
L’historienne Marie-Pierre Ulloa étudie les Maghrébins de Californie dans leur rapport avec la France. Elle éclaire la manière dont ils négocient leur identité à partir d’éléments linguistiques, religieux, culinaires et sportifs. Une étude originale sur les migrations et les diasporas.
Même si les données scientifiques ont de quoi nous rendre pessimistes, le philosophe Darrel Moellendorf montre qu’il est encore permis d’espérer une justice climatique. Pour catalyser l’espoir, il met en avant la mobilisation de masse, le progrès technique et l’utopie réaliste.
Pour Malcom Ferdinand, l’exploitation de la nature a autant partie liée avec le colonialisme et l’esclavagisme qu’avec le paradigme techniciste des Modernes. Récemment traduit en anglais, son livre invite à « penser la crise écologique depuis la Caraïbe ».
Au début du XIe siècle, la chute du califat omeyyade s’accompagne d’une fragmentation politique. C’est dans ce contexte singulier, bientôt aggravé par les avancées des chrétiens au nord et des Berbères au sud, qu’a lieu l’effervescence culturelle qui caractérise cette partie du monde musulman.
L’impact des activités humaines sur l’habitat naturel des animaux sauvages dans la région de l’Himalaya indien a conduit à une augmentation du nombre de félins mangeurs d’hommes. L’imaginaire populaire s’en ressent, du préservationnisme passionné à la volonté de tuer ces anthropophages.
Le livre comme forme de discours s’inscrit dans des matérialités. Parmi elles, le petit format, par exemple le « in-18 Grand Jésus » au XIXe siècle. C’est cette richesse, au-delà du papier, que la numérisation menace aujourd’hui.
La frontière est un instrument de discrimination et elle l’est partout dans le monde. La globalisation, loin d’avoir ouvert le monde à la circulation, n’a fait selon Reece Jones que renforcer le pouvoir des Etats, qui font de la mobilité un privilège.
Dans un ouvrage ambitieux et savant autant qu’accessible, Vincent Citot compare les philosophies de huit civilisations différentes pour en dégager des constantes cycliques, entre l’étape religieuse et l’âge scientifique.
L’océanologie – ce que nous connaissons, mais aussi ce que nous ignorons des océans – dérive en grande part de l’intérêt que leur a porté l’armée américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Naomi Oreskes remet en question l’indépendance et la neutralité de la recherche scientifique au XXe siècle.
Peut-on sauver la planète en restant capitaliste ? Hélène Tordjman soutient que ce n’est pas possible, et que pour préserver la nature, il faut sortir du capitalisme - une tâche difficile !
En synthétisant les débats contemporains sur la nature et les fonctions de l’image produite par les dispositifs techniques, Andrea Pinotti et Antonio Somaini étendent le champ du visible à de nombreux usages de l’image encore largement méconnus.
L’œuvre de Peirce est plutôt disparate, souvent dense et incontestablement précieuse. S’y inventent tout à la fois une notion très déterminée de l’épistémologie, une théorie de la vérité ou encore un rapport particulier à la logique. Entre autres.
C’est en s’inscrivant dans un rapport de filiation critique à l’héritage des Lumières que la gauche, pendant plus d’un siècle, a construit son identité politique et a gagné ses plus éclatants combats. Voilà pourquoi il est dangereux pour elle, explique Stéphanie Roza, d’abandonner aujourd’hui cet héritage.
Il ne faut pas, soutient Allyn Walker, confondre les attirances et les comportements. La pédophilie n’est condamnable qu’en tant qu’elle se traduit par des actes. Réduire le stigmate infligé aux personnes attirées par les mineurs pourrait même faciliter leurs efforts pour résister à leurs pulsions.
Paul Guillibert milite pour un “communisme du vivant”, qui ramène la destruction actuelle des écosystèmes à sa racine capitaliste. Seul le matérialisme historique est apte à répondre à l’urgence écologique, et Marx en son temps ne fut pas indifférent aux revendications du socialisme agraire.
Avant d’être une métaphore désignant un espace marginal et dangereux, le terme de « zone » a désigné une réalité géographique précise : une bande de terre encerclant Paris, dont l’histoire, pourtant édifiante, a été en partie oubliée.
Jérémie Foa propose une « histoire des autres ». Les anonymes, jetés dans la Seine ou ensevelis dans des fosses communes, sont tombés sous les coups des tueurs, mais aussi dans un oubli que l’enquêteur répare. Un livre important sur les violences de masse.
Existe-t-il un droit absolu à la propriété ? Le respect constitutionnel des libertés exige-t-il que l’on disqualifie tout interventionnisme étatique dans le domaine économique et environnemental ? Jeremy Waldron s’interroge sur la légitimité d’une législation démocratique en la matière.
Loin des habituels propos sensationnalistes, une enquête de terrain réalisée dans la banlieue lyonnaise étudie l’attitude des personnels scolaires vis-à-vis de l’islam, ainsi que les attentes des parents d’élèves musulmans, pour certains plus rigoristes que leurs aînés.
Les idéaux fondateurs du républicanisme ont été trahis, soutient J.-F. Spitz, par ceux-là mêmes qui prétendent le défendre contre le libéralisme. À trop se focaliser sur les questions d’identité, on a oublié que la république était d’abord un principe de justice sociale.
Une exposition au Centre Pompidou, la réédition enrichie d’une monographie : l’oeuvre de l’inclassable Chris Ware est à l’honneur, qui fragmente le temps sur ses planches nourries de références à l’histoire de la bande dessinée.
Comment étudier le marketing ? L’approche de Thibault Le Texier, centrée sur la genèse et la diffusion de la rationalité marketing, est confrontée à d’autres regards portés par les sciences sociales sur cet objet.
Évitant tous les écueils, le photographe Maxence Rifflet présente, sous forme d’un livre et d’une exposition, un travail mené pendant de longues années dans sept prisons françaises, en compagnie des détenus.
Alors que le spectre de la catastrophe nucléaire refait surface, une historienne chevronnée entend renouveler notre regard sur la catastrophe de Tchernobyl, autour du déni qu’elle a suscité de toutes parts.
Au Mexique, la guerre contre le narcotrafic a fait près de 300 000 morts et 100 000 disparus entre 2006 et 2021. À contre-courant des récits romancés sur le trafic de drogues et ses barons, Adèle Blazquez dépeint les conditions de vie dans une commune rurale en proie à la violence armée.
L’éthique d’Aristote relève bien d’une forme de naturalisme, mais il s’agit selon Pierre-Marie Morel d’un naturalisme problématique, dans lequel la nature conserve une part d’opacité et se révèle irréductible à tout déterminisme biologique.
Le sommeil profond est équivoque : on l’interprète soit comme une forme de méditation, soit comme une sorte d’abandon lascif. M. Seretti s’est penché sur ses représentations dans l’art de la Renaissance et ce qu’elles en disent.
“Moi aussi, je suis la vérité”, “la vérité rend libre”, tels sont les deux mensonges que doit concéder toute résistance. Dans son roman écrit contre Mein Kampf, inédit jusqu’en 1992 et tout juste traduit en français, Anders met en scène les conditions limites de la lutte et enseigne sa complexité.
Emilio Albamonte et Matias Maiello remettent la discussion stratégique au coeur du marxisme, en retraçant les principaux débats stratégiques ayant animé la gauche révolutionnaire au XXe siècle.
230 ans après leur parution, sont enfin traduites en français les Heures matinales de Mendelssohn, qui fut à la fois le premier philosophe juif allemand et le dernier des métaphysiciens classiques : un autre aspect des Lumières allemandes.
Combinant l’esthétique, la psychanalyse, la sémiologie, la philosophie, la stylistique et les théories cinématographiques, N. Mauffrey aborde l’oeuvre d’Agnès Varda sous l’angle de la “cinécriture”, procédant par collages.
Alors que les représentations simplistes de l’Afrique dans les relations internationales se perpétuent, un ouvrage synthétise les principales discussions sur la place du continent dans l’espace mondial d’hier à aujourd’hui.