La Coupe du Monde de football est le spectacle le plus médiatisé qui soit, l’événement planétaire par excellence. La Vie des Idées propose une série d’articles destinés à comprendre les raisons de cet empire toujours plus étendu.
La Coupe du Monde de football est le spectacle le plus médiatisé qui soit, l’événement planétaire par excellence. La Vie des Idées propose une série d’articles destinés à comprendre les raisons de cet empire toujours plus étendu.
Prendre la Coupe du Monde de football comme objet de réflexion ne va pas sans difficulté. C’est, au moins, être confronté à un double obstacle.
Passionnel d’abord : car la Coupe du Monde, de l’enthousiasme fanatique au dégoût prononcé face à un spectacle auquel il est difficile de se soustraire, laisse rarement indifférent. Surinvesti, suscitant les émotions collectives les plus intenses, le football échappe à toute mesure.
Rationnel ensuite : la Coupe du Monde semble résister aux catégories figées qu’on lui applique afin d’en rendre compte. N’y voir, ainsi, qu’une caricature de la société du spectacle, n’est-ce pas risquer de se méprendre sur la nature du sport lui-même, qui, même savamment mis en scène, n’est jamais écrit d’avance et déjoue toute tentative de scénario ? N’y voir qu’un gigantesque marché, où les investissements économiques promettent des retombées financières sans égal, n’est-ce pas de la même manière réduire la portée d’un jeu dont les enjeux ne suffisent pas à troubler ce qui lui reste de légèreté ? Mais, renversant la perspective, n’y voir qu’une concurrence symbolique universelle, n’est-ce pas tomber dans un irénisme rêveur qui refuserait de constater que le monde reste divisé entre les nations ? N’y voir que le spectacle, grandiose, d’une égalité démocratique mondiale, où toutes les nations, soumises à la même règle, ne se distingueraient que par l’effort et le mérite, n’est-ce pas tomber dans l’illusion, peut-être savamment entretenue, que la division profonde qui sépare le Nord et le Sud n’existe pas — que la fiction démocratique est la démocratie, que la représentation de la réalité est la réalité ?
Une perspective trop radicale, à laquelle pousse la démesure du spectacle le plus médiatisé qui soit, laisse nécessairement dans l’insatisfaction. C’est l’empire du foot qu’on s’interdit peut-être alors de comprendre : la fascination qu’il exerce, l’universalité qu’il construit, les tensions qui le traversent. C’est à essayer de comprendre ce qui organise cet empire que ce dossier est consacré. Il propose six axes de réflexion :
par & , le 11 juin 2010
Florent Guénard & Igor Martinache, « L’empire du foot », La Vie des idées , 11 juin 2010. ISSN : 2105-3030. URL : https://booksandideas.net./L-empire-du-foot-1113
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