Fort de son expérience de sapeur-pompier, le sociologue Romain Pudal peint un métier traversé par de fortes tensions. Tiraillés entre l’image virile du pompier sauveur des flammes et un quotidien fait aussi d’assistance aux populations défavorisées, les pompiers s’interrogent sur le sens de leur travail.
Selon Xavier Ragot, l’ouvrage de Robert Boyer démontre qu’une plus grande place doit être donnée à la « théorie de la régulation » au sein des recherches actuelles en économie. Cela doit toutefois se faire en permettant circulation et hybridation des idées avec les autres courants de la pensée économique.
Dans un ouvrage pluridisciplinaire, Catherine Coquio montre que le culte contemporain de la mémoire et de la vérité cache en fait une crise qui empêche d’avancer.
Qu’est-ce que l’histoire peut apporter à l’analyse du terrorisme contemporain ? Jenny Raflik propose de relire son essor sous l’angle de la montée en puissance de la mondialisation. Compte rendu suivi d’une réponse de l’auteure.
La fameuse crise de la littérature est en réalité celle de son partage. Une forme d’anesthésie a enferré les études littéraires dans des routines théoriques qui étouffent les réactions du lecteur ordinaire. Hélène Merlin-Kajman pose les jalons d’une « analyse transitionnelle » qui rend justice aux émotions et à l’aptitude à occuper, par le langage, des espaces communs.
Le naturalisme est une conception très influente aujourd’hui dans le monde scientifique. Et très controversée également : on peine à mesurer sa fécondité, voire à le définir. D. Andler, conscient de ses limites, en propose une version critique.
Pour réparer une société, il n’est pas nécessaire de prendre son bâton de « civilisateur » républicain. Les romans de George Sand, loin d’être des contes champêtres, proposent une manière souterraine de faire de la politique – un projet démocratique sans prêche ni violence.
La question de la place de la violence dans la Révolution française est un sujet de débat, scientifique et politique, depuis le tout début du XIXe siècle. Deux livres récents offrent de nouvelles perspectives et de nouveaux regards.
Qu’a fait l’Inde à la littérature française ? Guillaume Bridet croise les sources et les approches pour montrer comment, après la Grande Guerre, la réception des écrivains indiens ‒ Tagore au premier chef ‒ favorise le passage de l’exotisme à une vision décolonisée. L’analyse décentre à la fois les études orientalistes et l’histoire littéraire traditionnelle.
Les sexualités minoritaires font l’objet de nombreux discours, pas nécessairement proportionnels à leur diffusion : autant que les manières de les pratiquer, ce sont les manières d’en parler qui posent question. À mi-chemin de l’essai à la fiction, Marco Vidal propose des voies à explorer.
Les droits de l’homme ont fait l’objet de nombreuses critiques depuis leur déclaration en 1789. Aujourd’hui encore, ils sont accusés de desservir la démocratie et de favoriser l’individualisme. Mais ce procès, expliquent J. Lacroix et J.-Y. Pranchère, n’est pas justifié.
En étudiant les débats politiques et juridiques sur la citoyenneté au prisme de la situation coloniale au XIXe siècle, en métropole et dans les colonies, Silyane Larcher propose une généalogie de la citoyenneté profondément renouvelée et conduit à repenser la construction de la République.
Les laboratoires pharmaceutiques sont devenus des acteurs incontournables des politiques de santé. Auriane Guilbaud analyse les enjeux posés par ces relations entre firmes et organisations internationales dans le cadre de partenariats public-privé à l’échelle mondiale.
Si le théâtre est profondément politique, c’est parce qu’il est engagé et participatif : il répond à l’urgence des temps, en traitant le spectateur comme un citoyen et en faisant de la scène un espace social inclusif. Retour sur un potentiel révolutionnaire.
Antique et renaissante, mi-lolita, mi-déesse, la nymphe est, selon G. Didi-Huberman, marchant dans les pas d’Aby Warburg, un personnage récurrent de l’histoire de l’art, qu’elle irrigue de son nimbe et de sa fastueuse fluidité.
À travers une enquête ethnographique dans le huis clos du quartier européen de Bruxelles, Sylvain Laurens étudie les rapports entre milieux d’affaires et institutions européennes et montre que leur proximité tient moins à une connivence idéologique qu’à une histoire partagée.
Rompant avec la vision du paysan éternel et des campagnes conservatoires des traditions, Joëlle Zask montre que l’agriculture nourrit une véritable culture démocratique. Cultiver sa parcelle, c’est reconnaître une communauté d’égaux. Amour de la terre, amour de la liberté et de l’égalité ?
Le Kamasutra écrit au IIIe siècle n’est pas seulement un ouvrage érotique : c’est aussi un traité d’art de vivre pour les citadins aisés, quelle que soit la caste à laquelle ils appartiennent, quelle que soit leur sexualité, et qu’ils soient étalon, taureau ou lièvre, éléphante, jument ou hase.
Avec la volonté d’écrire une histoire totale, B. Joyeux-Prunel propose une approche socioculturelle et transnationale inédite des avant-gardes artistiques. Au delà d’une simple histoire des styles, les avant-gardes apparaissent alors comme de véritables événements politiques et sociaux, pris dans de complexes réseaux d’influence.
En URSS, de nombreux films ont été consacrés aux années de révolution et de guerre civile. Leur étude met en lumière le travail de l’idéologie et de la censure, tout en posant la question de la réception et de la « vérité documentaire ».
Un nouveau recueil sous la direction d’Emmanuel Alloa, portant sur le développement des études visuelles, éclaire ce que l’anthropologie apporte à notre perception de l’image. La richesse et la diversité des approches, cependant, rend difficile une perception unifiée de la question.
Peut-on encore défendre les langues mortes sans être taxé de conservatisme et sans idéaliser les cultures antiques ? Prolongeant le débat ravivé en 2015 par la réforme du Collège, l’helléniste Pierre Judet de La Combe milite pour le maintien d’un rapport direct et critique avec les Anciens.
La philanthropie moderne est un phénomène international. Un numéro de revue aborde l’action des fondations comme acteurs d’une diplomatie grâce des réseaux. Une manière innovante d’aborder les relations internationales et de contribuer à l’étude des circulations d’acteurs et d’idées dans le monde.
L’expulsion locative est devenue aux États-Unis un phénomène de masse. Le sociologue Matthew Desmond retrace le destin de huit familles de Milwaukee aux prises avec un marché immobilier d’une violence inouïe. Un livre magistral qui débouche sur une nouvelle conceptualisation de la pauvreté.
Une rigoureuse étude de l’histoire récente du droit de savoir aux États-Unis fait remonter l’émergence de la transparence aux revendications pratiques anti-bureaucratiques plutôt qu’à des revendications idéologiques soixante-huitardes.
Loin des théories générales qui prétendent rendre raison de la pratique sportive, un ouvrage récent fait apparaître les formes de socialisation et d’institutions qui font du sport un phénomène éminemment social.
La censure, selon Robert Darnton, n’entrave pas toujours la création. En étudiant trois cas contrastés, et sans prétendre unifier les divers contextes culturels où s’exerce la censure, l’historien s’interroge sur ses propres préventions à son sujet.
La philosophie des anciens consolait de la perte, de la séparation, de la mort. Celle des modernes ne le fait plus, considérant désormais que son rôle est de rechercher la vérité. Ce renoncement, selon M. Fœssel, est lourd de conséquences pour notre politique désormais sans horizon.
Fondateur de l’Empire romain en 27 avant J.-C., Auguste est un homme tout en ambiguïtés : républicain mais autocrate, conquérant mais pacificateur, inventeur d’une tradition, il gouverne comme un sphinx. Une biographie vient souligner l’actualité de son règne.
Alors que le gouvernement relance le débat sur le revenu minimum universel, Philippe Askenazy revient sur la redistribution des richesses. Il propose d’intervenir en amont, non par des taxations ou par l’accès universel à la propriété, mais par l’égalisation des revenus de départ en revalorisant le travail.
À l’heure où les politiques d’assouplissement quantitatif menées par la plupart des banques centrales, laisse craindre une nouvelle crise financière, l’ouvrage d’Adair Turner ouvre de nouveaux horizons en proposant une réforme radicale de la création monétaire.
Le droit français n’est pas toujours très clair lorsqu’il faut punir les discours racistes. Les juges sont contraints de l’interpréter avec la plus grande rigueur, conscients que cette condamnation est indispensable en démocratie.
Une nouvelle traduction des Entretiens d’Épictète donne à la pensée du célèbre Stoïcien de la période romaine une précision et une actualité nouvelles, tout en laissant en retrait certaines facettes de sa doctrine comme la métaphore de l’acteur ou la dimension politique.
L’œuvre de Pierre Bourdieu ne cesse de nourrir les débats intellectuels jusqu’à aujourd’hui. Un ouvrage collectif dirigé par Maxime Quijoux examine la place apparemment marginale du travail dans les travaux du sociologue.
Que nous apprend la littérature de la mauvaise foi ? Dans un essai entraînant, Maxime Decout complète les approches issues des sciences humaines et sociales, et renouvelle le débat sur l’invention littéraire.
Contrairement à une idée répandue, la France n’a pas échappé à l’emprise intellectuelle et morale de l’eugénisme au cours du XXe siècle. À partir d’une enquête sur une cité-jardin de Strasbourg, P.-A. Rosental en retrace les transformations et les héritages, dans l’État social d’après-guerre et jusqu’à nos jours.
Les révolutions dans les pays du Moyen-Orient ont remis sur le devant de la scène le rôle de l’armée dans les systèmes politiques de la région. Un numéro pluridisciplinaire de la revue Vingtième siècle revient sur les relations entre militaire et politique.
À la question « À quoi sert l’histoire ? », Serge Gruzinski répond par un plaidoyer en faveur de l’histoire globale, antidote au nationalisme méthodologique et au « confortable eurocentrisme ». Une autre manière de penser la mondialisation.
Figure intellectuelle majeure de la guerre froide, Zbigniew Brzezinski s’est voulu penseur et acteur de la politique étrangère des États-Unis. Justin Vaïsse réévalue son héritage dans l’évaluation des rapports entre savoir et pratique des responsabilités.
Les méfaits du progrès : une idée rebattue, mais on ne s’est pas suffisamment avisé, selon Olivier Rey, que la cause fondamentale est dans la démesure impliquée par le développement technique. Est-ce à dire qu’il existe une échelle propice à l’humanité ?